Mémoire courte

Le projet « One Laptop Per Child » ou « OLPC » vise à équiper les enfants de pays en voie de développement d’un ordinateur à $100. Les récentes nouvelles du projet indiquent quelques difficultés pour respecter le cahier des charges.

Au delà de la sympathie naturelle que pourrait provoquer chez moi l’idée d’aider les pays en voie de développement, ce projet initié par M. Negroponte me rappelle l’une de ses précédentes tentatives menée en commun avec Jean-Jacques Servan-Schreiber : dans les années 80, le « Centre Mondial Informatique et Ressource Humaine » avait eu une ambition assez similaire.

À cette époque, le marché de la micro-informatique commençait à être dominé par Apple et son Apple II. Le choix du Centre Mondial s’est porté sur une fabrication française par Thomson de TO7 dont furent équipées les écoles française. L’équipement des écoles françaises par cet équipement n’a pas permis de tirer parti des quelques passionnés d’informatique qui disposaient déjà d’un ordinateur à la maison.

Pour le projet OLPC, l’utilisation d’une édition de Linux pourrait, peut-être, éviter cet écueil, mais ce serait oublier qu’il ne suffit pas d’envoyer un outil complexe tel qu’un ordinateur pour qu’il soit efficacement utilisé. Ne serait-ce pas se moquer des pays en voie de développement que de leur fournir un tel ordinateur ?

J’ai lu des articles sur la critique du projet par Bill Gates et comprends les réactions à ces critiques qui consistent à penser que c’est une réaction de défense. Il n’empêche que depuis très longtemps, ses actions tant aux États-Unis que dans le reste du monde en faveur de l’éducation des plus défavorisés démontrent un réel engagement philanthropique.

La formation de milliers (voire millions) d’étudiants à l’utilisation d’un ordinateur sous Linux, qu’elle soit dans les universités françaises ou dans les pays en voie de développement, me semble tenir d’un pari que la tendance générale du marché peut s’inverser. C’est un pari risqué dans la mesure où, si le marché demeure largement concentré autour de Windows, il conduira à mettre sur le marché du travail des personnes insuffisamment formées.